Quelle est votre définition du Logement Santé?
Il me vient une image qui est très spécifique, qui est liée à mes fonctions et aux sujets auxquels nous avons pu être confrontés. Je ne suis pas sûre que ce soit le prisme du grand public, mais il s’agit de toutes les problématiques de dégradation de la santé par le logement.
Cela peut paraitre paradoxal, mais nous, en tant que syndicat professionnel, nous sommes extrêmement présents, par exemple, sur la question du traitement de l’amiante. Nous travaillons beaucoup pour être en avance de phase sur la question des nanomatériaux, par exemple. Mon approche est sans doute une approche assez anxiogène ; c’est celle du syndicat professionnel qui voit arriver les sujets et qui craint de voir le logement être accusé à tort d’être à l’origine d’une dégradation de la santé.
Cela a été le cas avec l’amiante, un vrai sujet traumatisant pour le secteur. Alors que le sujet se pose partout, les HLM ont été pointés du doigt. Au fond ils ont été pointés du doigt, il faut quand même le dire, parce qu’ils ont été vertueux. Nous avons pris très en amont le sujet, en lançant beaucoup de plans de désamiantage… et les gens se sont dit que, là où nous désamiantions, c’était là seulement où se trouvait l’amiante. Ils ne se sont pas dit : « il y a de l’amiante ailleurs, mais ils ne la désamiantent pas ». Cette question Logement et Santé nous l’abordons, d’abord, avec ce prisme-là. C’est ma première clé d’entrée, ma première réaction spontanée.
Le deuxième sujet, pour le coup, est vraiment un sujet prospectif : c’est la question de la santé mentale, la question du logement des personnes qui présentent des fragilités en matière de santé mentale, un sujet dont les bailleurs nous parlent énormément. Ils nous signalent que c’est de plus en plus complexe à traiter, que la réduction des capacités d’accueil des hôpitaux de jour, la difficile coordination, entre les hôpitaux de jour et les différentes structures et les bailleurs, créent des problématiques réelles dans le parc et face auxquelles ils sont extrêmement démunis. Voilà un sujet sur lequel nous voyons bien qu’il faut trouver une façon de travailler, qui n’est pas simple – parce qu’il y a la question du secret médical évidemment. Pour le bailleur, qui a la responsabilité du bien vivre dans l’immeuble, c’est une difficulté.
Après, il y a des problématiques un peu plus générales. J’ai participé récemment à une table-ronde avec Pierre Madec, de l’OFCE, avec lequel nous avions travaillé au moment du rapport au congrès de Strasbourg, en 2017. Le thème du congrès était « les HLM : une chance pour la France» et l’OFCE avait travaillé pour mettre en avant la manière dont le logement social amène un gain de qualité de vie à ses occupants. Très clairement, nous constations que souvent l’alternative, pour certaines personnes à revenus très modestes, c’est logement social ou mal logement, c’est-à-dire sur-occupation, logement insalubre, logement humide… Ce rapport mettait clairement en valeur le fait que d’avoir un logement social est un facteur, pour des personnes à revenus modestes, de gain de qualité de vie, y compris en matière de santé. D’autres sujets étaient abordés comme le pouvoir d’achat ou la réussite éducative, mais la question de la santé était très nette. La différence était très nette au regard des conditions de santé entre le mal logement et le logement social.